Multitudes !
Le premier film de mon ami Jonathan Millet (à qui The Burnin Jacks doivent leurs deux premiers clips) sort demain en salles !!!
Ceuta est une enclave espagnole au nord du Maroc, où de nombreux
migrants qui fuient leur pays d’origine se retrouvent, dans l’espoir
radieux de rejoindre notre merveilleuse Europe. Espoir souvent déçu :
dans la très longue attente pour obtenir un hypothétique laissez-passer
pour le continent voisin, le séjour à Ceuta devient pour ces migrants,
sans aucun droit ni existence légale, une errance sans autre but que la
survie, comme dans une gigantesque prison à ciel ouvert (protégée par
un mur gigantesque et ultra-sécurisé façon Israël-Palestine qui coûte
des millions d’euros chaque année aux citoyens de l’Union, soit dit en
passant) et dont on ne sait quand on en sortira.
Le film suit cinq de ces personnages et les laisse raconter leur
parcours à la première personne, qu’il s’agisse des péripéties pas
toujours sexy (euphémisme) qui les ont conduits à Ceuta, de leurs
interrogations souvent sans réponse, ou encore de leur quotidien
misérable, marqué par la peur permanente d’être renvoyés dans leur pays
d’origine et l’indifférence (au mieux) de la population locale. Doutes,
peur, incompréhension : le point de vue du film se situe quelque part
entre Kafka et le Gus Van Sant d’Elephant, par conséquent assez loin de
la narration conventionnelle et didactique de la plupart des
documentaires, et c’est sans doute là la plus grande réussite des deux
réalisateurs qui nous font vivre de l’intérieur la tragédie d’un
naufrage politique.
C’est également l’occasion savoureuse de
comprendre que les migrants, loin des stéréotypes que nous débitent
quotidiennement éditorialistes et politiciens cyniques et ignares, que
ces migrants, donc, sont avant tout des gens courageux et qui méritent
tout notre respect et notre admiration.
No comments:
Post a Comment