28.1.14

Ceuta, douce prison

Multitudes !

Le premier film de mon ami Jonathan Millet (à qui The Burnin Jacks doivent leurs deux premiers clips) sort demain en salles !!!


Ceuta est une enclave espagnole au nord du Maroc, où de nombreux migrants qui fuient leur pays d’origine se retrouvent, dans l’espoir radieux de rejoindre notre merveilleuse Europe. Espoir souvent déçu : dans la très longue attente pour obtenir un hypothétique laissez-passer pour le continent voisin, le séjour à Ceuta devient pour ces migrants, sans aucun droit ni existence légale, une errance sans autre but que la survie, comme dans une gigantesque prison à ciel ouvert (protégée par un mur gigantesque et ultra-sécurisé façon Israël-Palestine qui coûte des millions d’euros chaque année aux citoyens de l’Union, soit dit en passant) et dont on ne sait quand on en sortira.



Le film suit cinq de ces personnages et les laisse raconter leur parcours à la première personne, qu’il s’agisse des péripéties pas toujours sexy (euphémisme) qui les ont conduits à Ceuta, de leurs interrogations souvent sans réponse, ou encore de leur quotidien misérable, marqué par la peur permanente d’être renvoyés dans leur pays d’origine et l’indifférence (au mieux) de la population locale. Doutes, peur, incompréhension : le point de vue du film se situe quelque part entre Kafka et le Gus Van Sant d’Elephant, par conséquent assez loin de la narration conventionnelle et didactique de la plupart des documentaires, et c’est sans doute là la plus grande réussite des deux réalisateurs qui nous font vivre de l’intérieur la tragédie d’un naufrage politique.

C’est également l’occasion savoureuse de comprendre que les migrants, loin des stéréotypes que nous débitent quotidiennement éditorialistes et politiciens cyniques et ignares, que ces migrants, donc, sont avant tout des gens courageux et qui méritent tout notre respect et notre admiration.

No comments: