18.11.15

A qui le crime profite

J'écoute France Info (masochisme ? c'est probable). Pour sécuriser les écoles, collèges et lycées la région Île de France et l'Education Nationale investissent dans la vidéosurveillance et en appellent à des sociétés de sécurité privées.


Note : le leader de la promotion sécuritaire en France n'est autre qu'Alain Bauer, le meilleur ami de Manuel Valls depuis trente cinq ans et sosie moustachu de Babe le cochon. Ensemble ils se sont servis de la franc-maçonnerie et de l'appareil du Parti Socialiste (aile rocardienne) comme tremplin pour promouvoir l'idéologie sécuritaire (notamment à travers l'entreprise d'audit en sécurité AB Associates, en toute simplicité). Bauer, récemment homologué "homme le plus laid de la planète" par un collège de spécialistes, ne connaît pas l'alternance, puisqu'il a travaillé aussi bien avec Rocard, Sarkozy et son copain Valls (si tant est que l'on puisse réellement parler d'alternance, mais c'est un autre débat). Ce poulpe du marché de la peur a un pied dans l'université, un autre dans la recherche stratégique, un autre encore dans la criminologie et la police, encore un dans le milieu néoconservateur français et on en passe. En somme, il est celui qui promeut avec les structures et les moyens de l'Etat le développement du capitalisme sécuritaire privé. On lui doit notamment cette déclaration sans ambiguïtés :

"Le crime n'est pas en récession, c'est un secteur extrêmement porteur. Il faut investir dedans. La crise est un accélérateur du crime. Elle lui ouvre des perspectives en lui donnant, couplé avec les nouvelles technologies, de nouvelles opportunités".

Devinez qui se frotte les mains en ce moment...

14.11.15

Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve


Au milieu de cet abominable carnage, au faîte de la détresse, on a vu des gens ordinaires risquer leur vie pour des gens qu'ils ne connaissaient pas, on a vu des riverains ouvrir leurs portes à des inconnus pour les préserver du danger, on a vu enfin, dans monde où la promotion de l'égoïsme est vécue comme l'élégance suprême, des gens capables, naturellement et anonymement, d'empathie et d'entraide. Tout à coup, le souci pour les autres est devenu une évidence, et on s'est tous pris à s'inquiéter du sort de nos proches. Tout n'est peut-être pas foutu.

Peut-être. Car ces réflexes d'humanité si beaux, cette force collective spontanée, nombreux sont ceux qui essaient de la canaliser à leur profit, donc de la détourner, voire de la confisquer. L'Etat (tout comme la plupart des partis qui en ambitionnent les manettes) ne manque pas de sommer les braves gens de lui faire confiance, tout en restreignant nos "libertés publiques" - plus précisément les droits qu'il prétend nous garantir avec tant d'efficacité. Facebook fait de la détresse une application de plus et du deuil un effet de mode chromatique. Tout cela crée un cadre, duquel il est malvenu de sortir - en même temps que se diffuse l'idée absurde qu'au nom du deuil, ce ne serait pas le moment de réfléchir.

Etrange deuil que celui qui exige que l'on cède à l'inertie, à la dépression et à un "tous-ensemble-tous-ensemble-ouais" sans contenu apparent. Je trouve au contraire que ces moments exceptionnels ont malgré tout le mérite de pousser chacun à parler, et même s'il en ressort des choses maladroites, ça ne peut pas être une mauvaise chose. Faire le deuil ce n'est pas forcément rester silencieux. Ce n'est pas non plus faire précisément ce que les terroristes attendent de nous - nous réfugier dans les robes de l'Etat et nous draper dans notre civilisation. Réagir en parlant, en écrivant, en dessinant est encore la meilleure réponse à ceux qui veulent nous faire taire, quels qu'ils soient. Si possible en nous passant de ceux qui prétendent parler et décider à notre place.

"Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'un ni l'autre et perdra les deux" disait Benjamin Franklin (c'est ma soirée "citations"). C'est ce qu'il nous faut éviter.

8.10.15

Monsanto bouge encore

Monsanto, dont l'entreprise destructrice sera un jour comparé au nazisme (gnagnagna Point Godwin glouglouglou) voit sa croissance freinée par la mauvaise image, que nous avons été nombreux à véhiculer, de ses produits. Au point que l'entreprise a décidé de virer 2600 salariés en deux ans. Faut-il s'en réjouir ? Pas trop vite, à mon avis. Je ne chialerai pas sur le sort de personnes qui ont choisi de bosser pour cette boîte de merde et qui se retrouvent sur la paille - oui, ma compassion pour les licenciés est à géométrie variable, et je l'assume d'autant plus facilement que les secteurs qui seront prioritairement touchés sont ceux, parasitaires, de la communication et du marketing.


Le vrai problème est que, délestée de 15% de ses effectifs ("pour faire des économies"), l'entreprise continuera d'exister, et ses produits également. Ses propriétaires continueront de se gaver de dividendes et sa direction ne déviera pas de son cap. Lequel comprend l'extension progressive et par des biais qui n'excluent pas la violence d'un modèle agricole qui ruine les petits paysans, poussés à l'exode dans les bidonvilles insalubres, au bénéfice de grands regroupements agricoles basés sur la monoculture et ruinant la biodiversité. Je précise qu'en dehors de l'aspect kikoolol ami des animaux, la biodiversité est tout simplement ce qui permet à l'humanité d'exister (sans interaction entre les espèces, pas d'agriculture du tout, par exemple...)

Que Monsanto réagisse par des mesures d'économie n'est jamais qu'une réponse dans le cadre de même capitalisme agressif et peu soucieux de notre planète, et il ne faut pas se faire d'illusions sur la capacité de ces gens à "reculer pour mieux sauter". Quand bien même Monsanto mettrait la clé sous la porte, ce que je souhaite de tout coeur, les concurrents ne manqueront pas (Syngenta, Bayer...) qui se partageront son juteux marché.


Pourtant, il faut mesurer l'ampleur du chemin parcouru : cette boîte qui en plus de ses pratiques dignes des pires barbares que l'humanité ait engendré, affectait une condescendance absolue à l'égard du reste des mortels il y a quelques mois encore, et se retrouve à devoir se restructurer, la queue entre les pattes. Tout ça, parce que l'on a suffisamment travaillé à faire prendre conscience autour de nous du danger qu'elle représente. Nous avons encore bien du chemin à faire pour en finir avec le lobby de l'agro-industrie, mais nous voyons aujourd'hui que nous pouvons le faire.

Ceci n'est pas une victoire, mais un appel à intensifier notre combat !

6.10.15

Le goudron et les plumes


Le DRH d'Air France annonce un plan de licenciements qui pourrait coûter leur poste à 1900 personnes : résultat, on lui enlève le haut !

Dans un retournement rhétorique ubuesque, la direction d'Air France se croit fondée à porter plainte pour "violences". Vous avez bien lu. Un connard d'énarque qui se pointe la bite en fleur pour dire à 1900 personnes qu'on va les mettre sur la paille devient la "victime" dès lors qu'on lui enlève sa chemise. Traumatisé, le pauvre biquet va laisser sa place à un copain de Manuel Valls.

Ce que je déplore : une fois de plus, la loi opère des dénis de réalité flagrants. Sous d'autres latitudes ou à d'autres époques, Xavier Broseta serait donné en pâture à nos amis porcins, les travailleurs d'Air France ne seraient pas "salariés" et à ce titre auraient leur mot à dire sur la conduite de leurs affaires sans la présence parasitaire de ce genre d'autiste, et enfin les médias prendraient pour sujet l'agression à laquelle se livre la direction sur ceux qui sont ses employés.

Ce dont je me réjouis : enfin, un fils de pute corporate est mis (fort gentiment, j'insiste) face à un début de réponse à la violence exercée par sa caste. Ce genre d'action festive est appelé à s'amplifier, de sorte que les connards en cravate devront porter des couches Pampers à chaque fois qu'ils croiseront plus d'un salarié à la fois. Le vent tourne, et de plus en plus d'exploités commencent à comprendre que la prétendue négociation pacifique n'aboutira qu'à l'aide de petits coups de pouce comme celui-ci, qui stimuleront la réflexion de leurs interlocuteurs.


Ceci étant dit, les deux vraies questions qui se posent sont :

1 - Sommes-nous prêts à nous passer de ce genre de bolosses ? Que faisons-nous comme chemin vers l'autogestion des moyens de production par ceux qui y travaillent ?

2 - La cause de l'emploi est-elle un argument valable pour que l'on ne remette pas en cause le contenu même de ce que produit le capitalisme ? En d'autres termes, doit-on se contenter de partager les produits que le capitalisme affecte inéquitablement, ou ira-t-on jusqu'à remettre en cause non seulement le partage des richesses (et les relations de domination qui en découlent) mais aussi, comme symptôme de celui-ci, la production de richesses elle-même, dans ses techniques, ses objectifs et sa réalité même ?

(on ne pourra pas éternellement maintenir plein de monde dans le secteur afférent au trafic aérien, en d'autres termes)

Voilà voilà. Bigup aux camarades d'Air France, qui nous montrent la voie !

La CGT, c'était mieux avant

La CGT en 1906 (Charte d'Amiens) :


"La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat.

(...)
Dans l’oeuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’oeuvre du syndicalisme ; il prépare l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale."

C'était le bon temps, où les idées d'Emile Pouget (grève générale, sabotage, action directe) coulaient sous le sens...


"La Cgt condamne les agressions physiques qui ont eu lieu ce jour. La Cgt condamne tout aussi fermement l’attrition et les licenciements que la direction s’apprête à mettre en oeuvre. « Qui sème le vent récolte la tempête », écrivait Nizami (XIIè) dans un de ses poèmes.
(...)
La manifestation du mardi a regroupé plusieurs milliers de salarié(e)s. Nous tenons à saluer le calme, la dignité et l’esprit de camaraderie avec lesquelles ils se sont rassemblés, toutes catégories confondues, personnels sol, navigants commerciaux et techniques, ce qui ne s’était jamais vu avant aujourd’hui à air France. Voilà la véritable image forte de la journée que les médias auraient dû reprendre !"

Emile, Fernand, de grâce revenez !!!

C'est immoral et c'est comme ça

On est bien peu de chose ; et il ne faut guère plus que quelques notes de guitare et la voix de Brassens pour me le rappeler. Depuis plus de deux ans, il ne se passe plus un jour sans que j’écoute l’une de ses chansons, je ne pouvais donc pas faire mine d’ignorer le film que la télévision publique vient de lui consacrer. Assez vite, je suis agacé par les choix de mise en scène, démago et limite douteux : une voix off qui tutoie ce bon vieux Georges sert de fil conducteur à un scénario qui voit d’abord en lui « le copain » (j’ai toujours eu du mal avec Les Copains d’Abord), des entretiens qui se succèdent où, entre quelques témoignages bien sentis, des personnes à la légitimité douteuse (Audrey Pulvar, WTF ?) débitent des platitudes, et enfin cette succession de reprises parfois très embarrassantes de ses chansons, autant puisées dans les archives télévisuelles que sur Youtube.

Vient le moment où est évoqué son engagement anarchiste. C’était à prévoir, les réalisateurs n’y comprennent pas grand chose, et en limitent la portée au « refus de l’autorité ». Pourtant, s’ils avaient pris la peine de lire Brassens Libertaire aux éditions Aden, ils y auraient trouvé l’ensemble de ses articles publiés par le journal anarchiste « Le Libertaire », où le sympathique troubadour s’y montrait moins consensuel et doux que le portrait bisounours qu’en fait France 3 : il y applaudit la mort des gendarmes, appelle ses lecteurs à la révolte dans des termes qui épouvanteraient la CGT d’aujourd’hui (même celle d’alors) et moque allègrement les clercs, réactionnaires et staliniens. Tout cela est balayé d’un revers de manche : en fait, il ne faut comprendre là-dedans que la manifestation d’un esprit bougon mais peu conséquent. Surtout, il est important de marteler qu’on ne peut pas « le récupérer ». Circulez.

Plus intéressant, le passage sur la misogynie qu’on lui prête volontiers, l’occasion de rappeler que Quatre-Vingt-Quinze Pour Cent (« du temps, la femme s’emmerde en baisant ») place le plaisir féminin au centre du débat, et que lorsque le questionne sur la place de « la femme » dans son oeuvre, il ne manque pas de répondre qu’il ne connaît que « des femmes », certaines formidables, d’autres moins. Evident, mais bon à rappeler (pas mal de prétendus « esprits libres », anticonformistes de confort, revendiquent haut et fort la « misogynie de Brassens » comme celle de ce gros naze de Brel ou encore celle de Ferré).


Au rythme des scènes qui se suivent, s’égrènent les chansons et l’envie de chanter avec, et je joue à la guitare ce que j’entends, accompagnant presque malgré moi ces chansons qui depuis si longtemps m’accompagnent, et d’autres que je découvre également. Du coup, malgré l’agression auditive, les reprises Youtube me gênent de moins en moins, j’en viens même à kiffer Serge Lama qui chante la Marche Nuptiale accompagné par son auteur. Enfin, il y a ce moment où Maxime Leforestier (!!!) raconte qu’en parlant de Brassens avec son public il s’est aperçu que chacun lui raconte l’avoir découvert par quelqu’un d’autre : ce sont les amis, la famille, les camarades qui transmettent ces chansons comme on se passerait le mot. Et me reviennent alors les souvenirs de ces nuits passées, certaines avec Maxime, d’autres avec Beri, à découvrir de nouvelles envolées du génial moustachu, dont j’avais asséné avec obstination les chansons du disque familial à mes parents et mes soeurs des années durant (un peu moins que les Beatles, un peu plus que Gainsbourg). Les textes sont celui d’un homme qui porte fièrement son individualité, et pourtant c’est entre amis que l’on l’écoute et que l’on le chante.

Je ne sais pas trop ce que je pense du film, en fait je m’en fous un peu. Je viens de trouver de nouvelles chansons de Brassens à écouter en boucle, ça évite de se poser trop de questions superflues.

30.5.15

Il y a dix ans, nous leur disions déjà NON


Des étudiants de Sciences-Po, le faciès illuminé de joie tels des Témoins de Jéhovah, m'avaient filé un exemplaire du Traité Constitutionnel (un pavé imbitable), un peu comme des parents donneraient un Guide de Bonnes Manières à leur gosse. Ils avaient accompagné ça d'un discours idiot du genre "tu verras toutes les potentialités inédites qui s'offrent à ta génération, toutes les synergies créatrices et cette envie d'avenir commun, tout cet enthousiasmant projet est là, sous tes yeux, c'est parfois difficile à comprendre mais c'est le résultat d'un immense espoir, l'espoir d'en finir avec la guerre et la pauvreté, de faire front face aux Etats-Unis, de nous réapproprier l'existant" et autres conneries du genre. De sorte qu'après avoir lu dix pages, j'avais compris que leur texte puait le caca.  

Très attaché alors à l'idée de ne pas voter, je n'en avais pas moins mené autour de moi une campagne intensive pour le NON. En fait il n'y avait aucune bonne raison de voter pour. Pas un seul argument ne tenait la route. On voyait les journalistes, les premiers-de-la-classe et les winners s'escrimer à "faire de la pédagogie", la sauce ne prenait pas. C'était absolument pathétique - et jouissif. Je me souviens avoir fêté ce NON contondant comme une grande victoire, ce qui m'avait valu de me faire gueuler dessus par mon père et traiter de lepéniste par ma famille. Quelle belle époque.


Deux ans plus tard, contre le cours de l'Histoire et avec le concours de médias complaisants, un funeste avocat d'affaires s'emparait du pouvoir et faisait voter au Parlement le Traité de Lisbonne (c'est à dire le Traité Constitutionnel avec un nouveau titre). Il fallait la majorité des trois cinquièmes pour qu'un pareil texte constitutionnel soit accepté - donc, il fallait le concours du PS. Croyez-vous que le principal parti d'opposition s'interposa pour défendre le verdict du peuple ? Ce serait mal le connaître ! Se drapant dans une abstention qui leur permettait de jouer les fiers à bras tout en laissant passer le texte, la majorité des parlementaires PS (et la quasi-totalité de l'UMP) se sont assis sur le vote de 2005 et ont ratifié ce traité que la majorité refusait. Croyez-vous que le peuple, lassé de voir ses représentants lui cracher à la gueule, les poursuivit, les molesta et les pendit ? NOOOOOPE ! Les braves français continuèrent de regarder la télé, de réfléchir aux questions philosophiques que leur posait le gouvernement (l'identité nationale, pour ou pour ?) et éventuellement de se battre pour obtenir du patronat, à la marge, quelques concessions cosmétiques.

Désormais, nous vivons dans une dictature des marchés et de leurs organisations subalternes (Union Européenne, Banque Centrale Européenne) qui prétendent PUNIR les pays qui s'écarteraient de leurs dogmes de financement. Autrement dit, leur rôle est de faire en sorte que nos services publics (éducation, santé etc) deviennent déficitaires pour que nous les vendions ensuite au plus offrant afin de "devenir compétitifs" face aux "nouveaux marchés émergents" comme la Chine - dont les habitants, bien que fourbes et mesquins, ne ménagent pas leurs efforts et travaillent 24h sur 24 pour 1 euro de l'heure et avec le sourire, comme chacun sait.


Je lisais récemment un bouquin intitulé Une histoire de la Révolution Française, d'Eric Hazan (soucieux de rattraper mes lacunes sur le sujet). Et il m'a semblé que la situation pré-révolutionnaire était en tous points similaire à celle qu'engendreront inévitablement les politiques en cours : une minorité qui arrange le droit pour pouvoir se gaver aux dépens d'un peuple qui crève la dalle, un pouvoir dont la légitimité est sans cesse contestée par les intellectuels, une oligarchie sourde et autiste. Pour l'heure, notre "modèle social" - forgé à la Libération par ceux qui ont combattu le nazisme, et pas par le MEDEF ni par "les marchés" - nous sauve d'une misère trop généralisée. C'est précisément ce modèle que les abrutis du PS, de l'UMP, du FN, du MEDEF, du cercle Bilderberg etc veulent mettre à bas, sans se rendre compte que s'ils n'ont pas encore été massivement envoyés au goulag, c'est justement parce qu'on ne meurt pas encore de faim quand on est au chômage.

Je ne souhaite bien évidemment pas la mort de Macron, Valls, Sarkozy. Pas plus que je ne souhaite qu'on promène leur tête au bout d'une pique. Non, vraiment pas. Mais je tiens simplement cela pour inévitable.

Le film d'action de la semaine

C'est bientôt l'été, et qui dit été dit également saga de l'été. Afin de faire mentir le célèbre proverbe parisien (en avril ne te découvre pas d'un fil, en mai, ne te découvre pas d'un fil, en juin, ne te découvre pas d'un fil), j'ai décidé de vous faire profiter, chers amis, d'une sympathique baston entre les journalistes d'un torchon raciste et prétendument de gauche (Marianne) et les intellectuels du collectif de critique des médias Acrimed - Action-Critique-Médias - soucieux d'établir une critique radicale des faits médiatiques dans le prolongement des passionnants travaux que Bourdieu, Halimi, Champagne, Chomsky et bien d'autres ont pondu sur le sujet.

Marianne, très mal à l'aise avec le fait de se réclamer de gauche alors que la plupart de ses membres sont de grands bourgeois moralisateurs, amis de la police, de l'ordre et de la France, a décidé de faire sa "une" sur les complices de l'islamisme - au gré d'un dossier fort original, comme en commettent également Valeurs Actuelles, Le Point, Minute ou encore l'Express sur le sujet. Fidèle en cela à la vulgate médiatique dominante à la sauce Fourest, l'hebdomadaire voue à la vindicte populaire comme cinquième colonne des méchants salafistes à peu près tous ceux qui n'adhèrent pas à l'idéologie Vallso-Charliste - ceux qui pensent qu'on ne résout pas les questions liées au terrorisme en criant très fort que les terroristes sont méchants et en payant très cher des entreprises privées pour mettre plein de caméras partout, mais plutôt en tâchant d'y trouver une explication et en agissant sur la cause pour mieux prévenir les effets. Au hasard, l'"extrême gauche" dont l'opposition à la politique coloniale d'Israël sur le territoire palestinien serait le masque d'un antisémitisme larvé, les diplomates non alignés sur la doctrine sioniste, les mouvements anticoloniaux (Indigènes de la République et Indivisibles), les élus locaux qui "cèdent au communautarisme", et enfin la radio Beur FM - coupable de revendiquer cette si indigne beuritude.


Petit retour en arrière. En 1999, l'hebdomadaire "l'Evenement" consacrait sa une, en pleine campagne médiatique contre Milosevic, qui incarnait le Hitler de la fin du siècle et le mal absolu, aux "complices de Milosevic" - c'est à dire à ceux qui émettaient des doutes sur l'intervention armée de l'OTAN. Etaient cités pêle-mêle "la famille anti-américaine" (Pierre Bourdieu, Max Gallo, Jean-Luc Mélenchon, Noam Chomsky, Serge Halimi, l'Huma, le Monde Diplo...), la famille "pacifiste intégriste" (Gisèle Halimi, l'abbé Pierre, Renaud Séchan, le PCF, le MRAP, la LCR devenue depuis le NPA...), la famille souverainiste (Charles Pasqua, Max Gallo...) ou encore la famille rouge-brun, la famille serbophile et la famille "croisade orthodoxe" avec à sa tête Soljenytsine. Ouf.

Sauf qu'à l'époque, pour pratiquer ce genre de couvertures aussi pleines d'amalgames et de mensonges qu'elles reposent sur une logique d'opprobe et de délation, L'Evénement avait l'excuse d'appartenir à un marchand d'armes (Lagardère) impliqué dans le conflit. Rien de tel dans le cas de Marianne, seulement mû par le désir de prendre des parts de marché dans la bulle spéculative de l'islamophobie médiatique et qui se retrouve, avec une fierté gogole, à jouer les Torquemada de la lutte contre l'obscurantisme (à grand renfort de campagnes d'affichage intensives) pour accomplir un geste parfaitement pavlovien : suivre (comme un caniche la doctrine islamophobe) et se distinguant (vous avez aimé l'islamophobie de droite ? vous allez adorer l'islamophobie de gauche ! avec Marianne, tu as toujours un racisme adapté à ton positionnement politique!).

Gogole, disions-nous. Et d'une idiotie qui pousse parfois à la témérité. Tel est le cas d'Eric Conan, principale plume ayant déféqué le dossier susmentionné, et qui, voulant sans doute plaire à l'éditocratie (Val, Fourest, BHL, Finkielkraut ou Elie Cohen voient dans les critiques radicaux des médias un vaste complot antisémite, PTDR) a poussé l'audace jusqu'à inculper le brillant Julien Salingue (professeur à l'Université Paris VIII, militant du NPA, de la campagne de Boycott Désinvestissement et Sanctions contre Israël et membre d'Acrimed, donc) d'être excessivement complaisant avec les dangereux fous d''Allah qui traîneraient dans les locaux de Beur FM. Mal lui en a pris : il s'est fait éparpiller façon puzzle et il se dit qu'il pourrait connaître d'ici peu le même sort que son ancien patron Jean-François Kahn - qui quitta en martyre la profession de journaliste après le tollé qu'il avait provoqué en estimant que l'affaire DSK relevait du "troussage de domestique".


Il en ressort, au-delà des nombreuses inexactitudes, amalgames et manipulations intentionnelles (notamment d'une dépêche AFP) dont s'abreuve la prose de Conan, sa prétendue "enquête exclusive" repose quasi-intégralement sur des citations glanées ailleurs, bref : feignasse, tournant le dos aux faits et manipulant les paroles, Eric Conan passe pour un demeuré, et on se fend la poire.
Depuis, Beur FM se paie gentiment la tronche de Marianne, comme vous pouvez en juger : 


Et on aurait pu en rester là : tête basse en queue entre les pattes, Marianne aurait pour une fois fermer sa grande gueule fétide et ça nous aurait fait du bien. C'est mal connaître la bande à Macé-Scaron (toutou de la bourgeoisie parisienne dont les antécédents plagiaires connus de tous lui ont valu sa rapide ascension dans l'organigramme de l'hebdo), et aussitôt, toute honte bue, le site de Marianne publie ceci :


Un papier qui répond à côté, donc, et dont l'auteur en est réduit à reprocher à Acrimed la longueur de son papier (!!!). Et que croyez-vous qu'il arriva ? Malgré la gêne évidente que produit immanquablement la lecture de cet article (signé par toute la rédaction qui fait corps POUR la désinformation pas CONTRE l'islamisme), l'association Acrimed, dans un élan de ferveur chrétienne et de générosité pédagogique, a répondu avec les mots de Mathias Reymond, portant cruellement l'estocade finale :


Rien n'aura été épargné à Marianne, même pas le dévoilement de son poussif subterfuge pour ne pas affronter la contradiction, puisé dans le jouissif "L'Art d'avoir toujours raison" d'Arthur Schopenauer : « Quand l’on s’aperçoit que l’on est battu, on opère une diversion : autrement dit, on se jette tout d’un coup dans un tout autre propos, comme s’il faisait partie du sujet et était un argument contre votre adversaire. Ce qui a lieu avec un peu de discrétion, lorsque la diversion reste malgré tout liée au thema quaestionis ; et impudemment, lorsque l’attaque n’est relative qu’à l’adversaire et n’a rien à voir avec le sujet du débat. »

En mon incommensurable mansuétude, je porte à la connaissance d'Eric Conan une annonce du Monoprix en haut de ma rue : "cherche vendeur(se) polyvalent(e) et manutentionnaire (pas d'expérience requise)". De rien.

29.5.15

Discours sur le fondement

"Le Français est plus intelligent, mais le Chinois est plus travailleur" - Patrick Drahi, Contribution à l'Esprit et à la Matière, chapitre 15 verset 37



Patrick est un businessman et patron de fonds de pension. En d'autres termes, il gagne l'essentiel de son oseille grâce au travail des autres. Rentré au capital du dépliant publi-rédactionnel Libération pour accroître son influence, il s'époumone à chanter les louanges de la doctrine Thatcher et à la mettre en pratique. 57ème fortune mondiale au classement Forbes, il essaie de nous faire croire que le problème en France est qu'on n'est pas compétitifs face à des pays qui pratiquent l'esclavage - et en aucune manière que ses semblables et lui-même accaparent des fortunes indécentes tout en détruisant la fortune commune de notre société, c'est à dire ses services publics, ce qui nous conduit tout droit à une nouvelle forme de féodalité, tout aussi héréditaire, basée non plus sur le droit divin mais sur "la loi du marché". La belle affaire.

J'apporte tout de même un élément de réflexion : que resterait-t-il du prétendu "trou de la Sécu" ou de celui du régime des intermittents, ou encore du "contexte difficile qui nous oblige à faire des économies sur le secteur culturel" si sa fortune - estimée à 18,4 milliards de dollars - était récupérée par la collectivité ?

11.5.15

Pourquoi manifester (contre Monsanto) ?


Pourquoi manifester ? Monstanto mettra-t-il la clé sous la porte si on est plus de 20.000 ? Le lobby agroalimentaire se lancera-t-il dans une vaste entreprise de suicides collectifs ? Ou tout simplement d'excuses publiques suivies d'autoflagellations télévisées en prime time ? Certes non. Mais je voudrais donner quelques raisons d'y croire à ceux qui comprennent mal pourquoi on marche à beaucoup dans une rue avec des haut-parleurs et des banderoles contre des gens qui n'en ont pas grand chose à faire - attitude peu compatible avec la pose pétrie du cynisme détaché de ceux qui se croient revenus de tout.


Nous n'ambitionnons pas de changer le monde en marchant dans la rue, pas plus que des badges ne guériront du sida, ne prémuniront contre le racisme ni ne résoudront l'épineux problème de la faim dans le monde. Mais une manifestation, même si le mot d'ordre se veut offensif et négatif ("contre Monsanto"), est surtout une occasion pour les opposants de se rencontrer, d'échanger des arguments contre les défenseurs de l'ordre du monde, de s'informer non seulement sur les pratiques de ces gens sympathiques (auquel cas autant s'enterrer tout de suite), mais également sur les moyens de lutter. Tout ça, en buvant des mojitos généralement préparés avec science.


Ajoutons à cela que si manifester ne sert pas à abolir Monsanto immédiatement, ne pas manifester sert symétriquement à crédibiliser les fils de pute qui nous font manger du caca, tout en se faisant des profits de malade mental, en détruisant l'agriculture paysanne dans des pays où on ne leur a rien demandé (Mexique, Europe, Argentine...), au besoin en faisant assassiner leurs opposants, et en servant de fer de lance (avec les industries pharmaceutique et de l'armement) à la grande offensive néolibérale qui consiste à faire un marché de tous les secteurs de la vie et à nous rendre consommateurs de notre existence, au bénéfice de ceux à qui elle appartiendra. Raison pour laquelle il nous faut établir un rapport de force. Leur faire peur. Leur faire savoir qu'on les surveille.




En 1997, le film The Big One de Michael Moore révélait que Nike faisait travailler des enfants : la mobilisation qui a suivi a fait trembler la marque au point de lui faire changer ses pratiques. Non par vertu ni par philanthropie, mais par nécessité. Monsanto, c'est Nike exposant mille - d'autant que leur bouffe toxique s'attaque directement à nous. A notre tour de faire le nécessaire pour nous passer de ces raclures.




26.4.15

Tiens...

... les flics ont (encore) buté un Noir. La plupart des médias titrent pudiquement qu'il est mort "au commissariat". Sans doute en trébuchant sur une bouteille de pastis ?

3.3.15

Moment humour

Regardez ce pauvre Macron essayer péniblement de s'accrocher aux branches pour expliquer pourquoi son gouvernement finance les destructions d'emplois dans la recherche. Dire qu'il est censé être une pointure, un cador, une star de la politique et de l'économie... Foutaises ! Ce type est un étron fumant, voilà mon verdict !

Elise Lucet, would you be my wife ?