Les porte-parole des multinationales (ici Jean Quatremer, européiste
sous LSD à la sauce Balladur chez Libération depuis quelques siècles)
semblent accepter le probable triomphe de la gauche radicale en Grèce demain comme une fatalité, et font contre mauvaise fortune bon coeur.
"Ne vous inquiétez pas ! " semblent-ils prêcher, "ils sont pieds et
poings liés, ne sortiront pas de l'euro, paieront la dette et ne
refonderont les services publics qu'a minima, afin d'acheter la paix
sociale". De Figaro en Express, de Point en Lemonde, ils continuent
d'espérer, zombifiés qu'ils sont dans leur pensée automatique, que
l'arrivée au pouvoir d'Alexis Tsipras donnera l'illustration brillante
de l'impossibilité de construire une alternative au libéralisme. Leur
pronostic ne coûte pas cher : il faut savoir que toutes les forces
capitalistes et (donc) réactionnaires feront tout leur possible pour
ramener les grecs dans leur droit chemin ou, à défaut, leur livrer plus
intensément encore la guerre économique qu'ils ont déjà engagée depuis
des années.
Mais plutôt
que de jouer à peu de frais les oiseaux de mauvais augure, il me semble
infiniment préférable de signaler que l'arrivée au pouvoir dans un pays
européen d'une coalition qui ne croit pas aux saintes vertus du divin
marché, cela constituerait déjà, en soi, un événement majeur. Que le
peuple préfère aux candidats des médias, du fric et de l'Union
Européenne celui de la réappropriation collective de la politique et de
l'économie (même à un degré encore embryonnaire), cela représente bien
plus qu'une simple alternance politique : une brèche ouverte dans les
certitudes péniblement ânonnées depuis avant ma naissance par les
bénis-oui-oui de la mondialisation heureuse, de la culture winner et de
la vulgaire destruction de tout ce qui fait que la vie est belle et
mérite que l'on la vive et que l'on se batte pour elle.
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