24.1.15

Quatremer il et fou

Les porte-parole des multinationales (ici Jean Quatremer, européiste sous LSD à la sauce Balladur chez Libération depuis quelques siècles) semblent accepter le probable triomphe de la gauche radicale en Grèce demain comme une fatalité, et font contre mauvaise fortune bon coeur. "Ne vous inquiétez pas ! " semblent-ils prêcher, "ils sont pieds et poings liés, ne sortiront pas de l'euro, paieront la dette et ne refonderont les services publics qu'a minima, afin d'acheter la paix sociale". De Figaro en Express, de Point en Lemonde, ils continuent d'espérer, zombifiés qu'ils sont dans leur pensée automatique, que l'arrivée au pouvoir d'Alexis Tsipras donnera l'illustration brillante de l'impossibilité de construire une alternative au libéralisme. Leur pronostic ne coûte pas cher : il faut savoir que toutes les forces capitalistes et (donc) réactionnaires feront tout leur possible pour ramener les grecs dans leur droit chemin ou, à défaut, leur livrer plus intensément encore la guerre économique qu'ils ont déjà engagée depuis des années.


Mais plutôt que de jouer à peu de frais les oiseaux de mauvais augure, il me semble infiniment préférable de signaler que l'arrivée au pouvoir dans un pays européen d'une coalition qui ne croit pas aux saintes vertus du divin marché, cela constituerait déjà, en soi, un événement majeur. Que le peuple préfère aux candidats des médias, du fric et de l'Union Européenne celui de la réappropriation collective de la politique et de l'économie (même à un degré encore embryonnaire), cela représente bien plus qu'une simple alternance politique : une brèche ouverte dans les certitudes péniblement ânonnées depuis avant ma naissance par les bénis-oui-oui de la mondialisation heureuse, de la culture winner et de la vulgaire destruction de tout ce qui fait que la vie est belle et mérite que l'on la vive et que l'on se batte pour elle.

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