Le
DRH d'Air France annonce un plan de licenciements qui pourrait coûter
leur poste à 1900 personnes : résultat, on lui enlève le haut !
Dans un retournement rhétorique ubuesque, la direction d'Air France se
croit fondée à porter plainte pour "violences". Vous avez bien lu. Un
connard d'énarque qui se pointe la bite en fleur pour dire à 1900
personnes qu'on va les mettre sur la paille devient la "victime" dès
lors qu'on lui enlève sa chemise. Traumatisé, le pauvre biquet va laisser sa place à un copain de Manuel Valls.
Ce que je déplore : une fois de plus, la loi opère des dénis de réalité
flagrants. Sous d'autres latitudes ou à d'autres époques, Xavier
Broseta serait donné en pâture à nos amis porcins, les travailleurs
d'Air France ne seraient pas "salariés" et à ce titre auraient leur mot à
dire sur la conduite de leurs affaires sans la présence parasitaire de
ce genre d'autiste, et enfin les médias prendraient pour sujet
l'agression à laquelle se livre la direction sur ceux qui sont ses
employés.
Ce dont je me réjouis : enfin, un fils de pute
corporate est mis (fort gentiment, j'insiste) face à un début de réponse
à la violence exercée par sa caste. Ce genre d'action festive est
appelé à s'amplifier, de sorte que les connards en cravate devront
porter des couches Pampers à chaque fois qu'ils croiseront plus d'un
salarié à la fois. Le vent tourne, et de plus en plus d'exploités
commencent à comprendre que la prétendue négociation pacifique
n'aboutira qu'à l'aide de petits coups de pouce comme celui-ci, qui
stimuleront la réflexion de leurs interlocuteurs.
Ceci étant dit, les deux vraies questions qui se posent sont :
1 - Sommes-nous prêts à nous passer de ce genre de bolosses ? Que
faisons-nous comme chemin vers l'autogestion des moyens de production
par ceux qui y travaillent ?
2 - La cause de l'emploi est-elle un
argument valable pour que l'on ne remette pas en cause le contenu même
de ce que produit le capitalisme ? En d'autres termes, doit-on se
contenter de partager les produits que le capitalisme affecte
inéquitablement, ou ira-t-on jusqu'à remettre en cause non seulement le
partage des richesses (et les relations de domination qui en découlent)
mais aussi, comme symptôme de celui-ci, la production de richesses
elle-même, dans ses techniques, ses objectifs et sa réalité même ?
(on ne pourra pas éternellement maintenir plein de monde dans le secteur afférent au trafic aérien, en d'autres termes)
Voilà voilà. Bigup aux camarades d'Air France, qui nous montrent la voie !
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