6.10.15

Le goudron et les plumes


Le DRH d'Air France annonce un plan de licenciements qui pourrait coûter leur poste à 1900 personnes : résultat, on lui enlève le haut !

Dans un retournement rhétorique ubuesque, la direction d'Air France se croit fondée à porter plainte pour "violences". Vous avez bien lu. Un connard d'énarque qui se pointe la bite en fleur pour dire à 1900 personnes qu'on va les mettre sur la paille devient la "victime" dès lors qu'on lui enlève sa chemise. Traumatisé, le pauvre biquet va laisser sa place à un copain de Manuel Valls.

Ce que je déplore : une fois de plus, la loi opère des dénis de réalité flagrants. Sous d'autres latitudes ou à d'autres époques, Xavier Broseta serait donné en pâture à nos amis porcins, les travailleurs d'Air France ne seraient pas "salariés" et à ce titre auraient leur mot à dire sur la conduite de leurs affaires sans la présence parasitaire de ce genre d'autiste, et enfin les médias prendraient pour sujet l'agression à laquelle se livre la direction sur ceux qui sont ses employés.

Ce dont je me réjouis : enfin, un fils de pute corporate est mis (fort gentiment, j'insiste) face à un début de réponse à la violence exercée par sa caste. Ce genre d'action festive est appelé à s'amplifier, de sorte que les connards en cravate devront porter des couches Pampers à chaque fois qu'ils croiseront plus d'un salarié à la fois. Le vent tourne, et de plus en plus d'exploités commencent à comprendre que la prétendue négociation pacifique n'aboutira qu'à l'aide de petits coups de pouce comme celui-ci, qui stimuleront la réflexion de leurs interlocuteurs.


Ceci étant dit, les deux vraies questions qui se posent sont :

1 - Sommes-nous prêts à nous passer de ce genre de bolosses ? Que faisons-nous comme chemin vers l'autogestion des moyens de production par ceux qui y travaillent ?

2 - La cause de l'emploi est-elle un argument valable pour que l'on ne remette pas en cause le contenu même de ce que produit le capitalisme ? En d'autres termes, doit-on se contenter de partager les produits que le capitalisme affecte inéquitablement, ou ira-t-on jusqu'à remettre en cause non seulement le partage des richesses (et les relations de domination qui en découlent) mais aussi, comme symptôme de celui-ci, la production de richesses elle-même, dans ses techniques, ses objectifs et sa réalité même ?

(on ne pourra pas éternellement maintenir plein de monde dans le secteur afférent au trafic aérien, en d'autres termes)

Voilà voilà. Bigup aux camarades d'Air France, qui nous montrent la voie !

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